Rencontre politique sur la culture au Centre des congrès de Caen -  La place de la culture aujourd’hui, par François Arnaud de la Direction Régionale des Affaires Culturelles.

La culture, considérée comme un système d'échanges, dans lequel seul ce qui,se transmet et se maintient sur une longue durée peut prétendre au statut d'objet culturel (Arendt), est confrontée à la vitesse de circulation des biens et des personnes. La culture est ainsi au coeur des transformations radicales du paysage planétaire, qui doit faire face aux dégradations sociales (paupérisation, discrimination, déstructuration des territoires) et écologiques (privatisation des biens communs, déséquilibres climatiques).
En France, la naissance de la politique culturelle remonte à François I er, (les commandes d’œuvres d’artistes italiens, et la création du collège de France en 1530, ainsi que l'affirmation du français comme langue officielle du royaume).
La fondation par Richelieu de l’académie Française en 1635, a prolongé l’expansion culturelle française. Les idées des philosophes des Lumières qui considéraient la culture comme un bien universel ont été mises en oeuvre à partir de la Révolution Française : institutions culturelles, Louvre, bibliothèque, début de la politique patrimoniale.
C’est dans la deuxième moitié du XX e siècle que la politique culturelle française a connu son plein essor. André Malraux fut le premier ministre de la culture nommé en 1959, il a œuvré, ainsi que ses successeurs jusque dans les années 1990 en faveur des arts et de la culture (cinéma, musées, musique, théâtre…).
Autrefois réservée à une élite, la culture s’est démocratisée, mais aussi massifiée avec l'apparition des industries culturelles, qui privilégient plus l'industrie que la culture.
En France, aujourd’hui, la politique culturelle a néanmoins permis d'élargir le ''cercle des connaisseurs'' (Brecht), et a mené des combats pour la sauvegarde de notre patrimoine (langue française, mise en place de quotas pour la diffusion de séries américaines, prix unique du livre)


Principes et limites de la politique culturelle

La politique culturelle est issue d’une politique centralisée et technocratique. Le budget culturel a du mal à atteindre 1 % du budget de l’Etat, tandis qu'au niveau européen, la culture ne représente que 0,12 % du budget communautaire, y compris les médias.
Pour rendre la culture accessible à tous les citoyens, il a été décidé, dans les années 60, de construire une maison de la culture dans chaque département français. Le programme est resté inachevé et a provoqué, malgré les tentatives de Jacques Duhamel (1971-1973) et de Catherine Trautmann (1997-2000), une coupure entre les professionnels de la culture et ceux de l'animation, qui constitue un frein essentiel à l'émergence d'une culture commune, partagée par la population françaisens sa diversité. Même si le bilan du Ministère de la Culture reste positif en termes législatifs et d'investissements sur l'ensemble du territoire et aussi de développement de pratiques culturelles, la culture reste d'abord accessible aux personnes assez aisées (cadres) et ne parvient pas à déborder significativement sur les autres couches sociales. La conformité contemporaine obligerait pourtant à créer et à mettre en place une politique culturelle moins segmentée. L’art est en effet un phénomène d’émancipation collective.
Pour François Arnaud, l’industrie culturelle, qui impose une vision consumériste de la culture fausse la conception que le public se fait de l’art, devenu un art - marchandise.
La politique culturelle a le devoir de ''restituer au loisir sa valeur de culture, c'est à dire de recréation de la personnalité'' (Jacques Duhamel). Si on souhaite vraiment diffuser les oeuvres existantes, avec leurs niveaux d'exigences et de spécificité, il faut constuire des médiations entre les oeuvres et le public : l'éducation est à ce titre le chantier prioritaire. Mais il faut reconnaître le pluralisme culturel, - l'interculturalité - qui instaure un dialogue entre individus et groupes différents. Un des premiers ciments du dialogue est la langue française.

Pour conclure on peut dire que, la culture est synonyme d’ouverture d’esprit : chacun doit faire un effort pour découvrir un domaine qu’il ignore, et avoir «le courage de savoir», selon Emmanuel Kant dans son ouvrage Qu’est-ce-que les Lumières.
 

 
 
 
 
 

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Rencontre démocrate du 2 octobre 2008 sur la politique culturelle

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